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Fraternité des Veilleurs d'Ephèse
10 juillet 2014

L'Engagement

Maison de l'Ariole, 8 février 1981

ENGAGEMENT : action de mettre en gage, promesse par laquelle on s'engage, ce qui engage à agir.

« Le choix est la propriété de l'homme mais celui-ci ignore souvent la portée d'un tel engagement », disait un astrophysicien qui vivait sa science en philosophe spiritualiste.

Car il s'agit avant de parler d’engagement d'aborder le problème du choix. Nombreux sont ceux qui croyant avoir trouvé leur voie s'y engagent avec conviction pour réaliser plus tard que ce chemin ne leur convient pas. Ils ont en quelque sorte "choisi aveuglément" (!) sans connaissance d'eux-mêmes et de leurs besoins profonds. Lorsqu'un être s'engage, c'est-à-dire lorsqu'il choisit entre différentes possibilités, et donc qu'il en rejette certaines au profit de l'une ou de plusieurs d'entre elles, il serait nécessaire qu’il se soit débarrassé de tout ce qui en lui est "appris" et non "vécu", que ce choix soit fait en connaissance de ses peurs, de ses lâchetés, de ses angoisses mais aussi de son courage, de sa volonté et de sa force. Certains se surestiment et s’engagent à effectuer des tâches qui les dépassent, ils ne peuvent donc pas respecter leur parole. D'autres se sous-estiment et ne s’engagent pas car ils craignent de ne pas "être à la hauteur". Un engagement pris trop tôt et qui ne tient pas compte de l'évolution future peut lui aussi être remis en question lorsque l’être change.

S'engager, c'est ne pas avoir peur de "balayer devant sa porte", de remettre en question ses structures mentales ses croyances, sa foi, son éducation. En somme, de faire en sorte d'être le plus sûr possible que l'action que l'on entreprend n'est pas mue par quelque chose ou par quelqu'un mais qu'elle provient bien de nous-même.

On ne peut jamais juger de l'engagement d'autrui, car c'est lui seul qui aura à vivre sa promesse intérieure et lui seul peut connaître la raison profonde de ce choix.

Un engagement étant avant tout un acte individuel, il réclame une certaine domestication des "moi intérieurs". En effet, « comment un homme qui ne se connaît pas lui-même pourrait-il promettre de garder un secret ? Naturellement, il peut le promettre, mais peut-il tenir sa promesse ? Car il n'est pas un, il y a une multitude d'hommes en lui. L'un d'entre eux promet et croit qu'il veut garder le secret. Mais demain un autre en lui le dira à sa femme ou à un ami... Quelle sorte d'obligations pourrait-il donc assumer ? Non, avec un tel homme, nous ne parlerons pas sérieusement. Pour être capable de garder un secret, un homme doit se connaître et il doit être. Or un homme comme le sont tous les hommes en est bien loin. », disait Gurdgieff.

Bien que l'engagement soit personnel, il a cependant un effet sur l'entourage immédiat et moins proche car rien n'est indépendant et toute action ou pensée individuelle a un retentissement sur le tout. Comme on le sait, « tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour accomplir les miracles de l'unité. »

Dans ce monde où tout est dualité, noir et blanc, jour et nuit, yin et yang... nous sommes tiraillés entre le "Bien" et le"Mal". Cette lutte se fait tout autant à I’intérieur qu'à l'extérieur de nous-mêmes. Demian, le héros de Hermann Hesse ne révélait-il pas que « quand nous haïssons un homme, nous haïssons dans son image quelque chose qui réside en nous. Ce que nous ne portons pas en nous ne peut nous toucher. »

L'important n'étant pas de nier ou d'étouffer les ténèbres mais bien d'augmenter la lumière afin de les faire diminuer.

Suivant que le "positif" ou le "négatif" domine en nous-même, nous nous dirigeons extérieurement vers l’un ou l'autre. Certains s'engagent dans le "camp au drap blanc", d'autres dans "le camp au drap noir", mais qui peut donner les raisons fondamentales de cet engagement ? L'un étant nécessaire à l’accomplissement de l'autre.

D’aucuns iront rechercher les causes de ce choix dans l’enfance, d’autres dans le Karma, mais qui connaît la Grande Trame Cosmique ? Qui peut dire que celui qui s'est engagé dans la "voie du mal" n’a pas parfois rendu un plus grand service que celui qui s'est engagé dans la "voie du bien" ?

Evidemment, il n’est pas ici question de justifier les actes de destruction insensés qui ont jalonné l'humanité depuis sa naissance, ni de militer en faveur des groupes terroristes et extrémistes en tous genres. Il s’agit de considérer, au delà des préjugés, un engagement dans sa totalité c'est-à-dire dans son implication terrestre et cosmique et d’essayer d'entrevoir le pourquoi du rôle ingrat que le Destin, Fatum, assigne à certains.

Il faut se souvenir que la terre est une étape dans l’évolution et que son rôle paraît être celui d’épurer les âmes et que s'il est nécessaire de s'engager sur la route de l'Amour, il faut aussi comprendre l'existence et la nécessité du "mal". C'est ce qui permet de s'engager sans esprit de revanche et sans fanatisme. Le Sage ne combat-il pas avec amour… ?

S'il est vrai que la "destinée et l'âme sont les noms d'un même concept", il est des vies où l'on s'engage dans une voie, il est des vies où l'on s'engage dans une autre. Il en est aussi où certains êtres ne peuvent pas s'engager car ils ne possèdent pas en eux la possibilité de discernement qui doit accompagner tout engagement. Ils ont alors une vie qu'ils subissent et ne peuvent que survivre car vivre, c’est déjà un engagement.

Dans ce monde où tout est dualité, noir et blanc, jour et nuit, yin et yang... nous sommes tiraillés entre le "Bien" et le"Mal". Cette lutte se fait tout autant à I’intérieur qu'à l'extérieur de nous-mêmes. Demian, le héros de Hermann Hesse ne révélait-il pas que « quand nous haïssons un homme, nous haïssons dans son image quelque chose qui réside en nous. Ce que nous ne portons pas en nous ne peut nous toucher. »

L’engagement est avant tout un acte, qui peut se manifester de façon diverse.

Il est un premier engagement, celui de se prendre en charge, c'est-à-dire de s'assumer en tant qu'individu responsable de soi et c’est peut-être ici que réside la plus grande difficulté. Combien de fois ne disons-nous pas ou n'entendons-nous pas dans une journée, « c'est à cause de toi, d'elle, de lui, de la Sécurité Sociale, des pouvoirs publics... » En bannissant cette réaction de notre comportement, nous franchissons alors l'énorme pas de nous remettre vraiment en question sans accuser "les autres" des fautes ou des choix qui nous incombent. Un engagement ainsi mené conduit pour Jung à une maîtrise :

« Les vrais chefs de l'humanité, cependant, sont toujours ceux qui, méditant sur eux-mêmes, soulagent au moins le poids de la masse de leur propre poids, en demeurant consciemment éloignés de l'inertie naturelle et aveugle, inhérente à toute masse en mouvement. »

De cet acte primordial, découlent tous les autres, que ce soit celui du respect de la parole donnée, celui de l'assiduité envers une discipline morale, intellectuelle ou sportive, celui de la conscience professionnelle, ou celui de nos charges familiales et quotidiennes.

S'engager implique une responsabilité et une prise en charge.

Entrer dans un groupement spirituel constitue un engagement qui devrait normalement entraîner une ligne de pensée et de conduite en rapport avec cette action.

Suivre cette voie, ce n'est pas simplement venir régulièrement aux séances pour se conforter dans sa croyance personnelle, ce n'est pas non plus se faire prendre en charge par le maître ou par le groupe et retourner chez soi "regonflé" mais sans ensuite en faire bénéficier la collectivité humaine.

S'engager spirituellement, c'est vouloir développer nos capacités d'amour pour les répandre dans le monde et donc ouvrir les yeux sur ce monde. C'est aller au delà des apparences pour parvenir à l'essentiel. C'est réaliser l'injustice sociale, politique, économique et raciale. C'est ne plus pouvoir dire : « ce n'est pas mon problème et je n'y peux rien ». C'est au contraire dire, lutter et promouvoir. C'est informer, protester et réagir à chaque fois que se présente devant nos yeux un cas que réprouve notre conscience. C'est changer notre quotidien et aider les plus faibles et les plus déshérités à mieux comprendre et à mieux se défendre, et pas simplement dans le cadre d’une fraternité.

C’est se sentir concerné lorsqu’un enfant a faim, lorsqu'un peuple est soumis par les armes, lorsque des êtres humains sont torturés pour ce qu'ils sont ou à cause de ce qu’ils pensent, lorsque pour satisfaire l’appétit des "puissants", des hommes se font exploiter et même tuer, lorsque l’homme tue et pollue mettant ainsi en danger l'avenir de nos enfants, lorsque la vie même est bafouée.

En appartenant à un mouvement qui se situe dans la continuité du Temple et donc de la Grande Tradition, nous nous inscrivons dans une lignée que le pouvoir en place a toujours combattu. Nous avons donc le devoir de ne pas être indifférent au monde qui nous entoure et de prendre parti.

Nous ne pouvons que rompre avec une société qui fait de nous des "assistés'' et non des citoyens adultes. C’est par l’exemple de notre prise de conscience et de la mise en pratique quotidienne de notre choix que d’autres viendront rejoindre les rangs de notre Chevalerie ! Là réside notre crédibilité.

A ce moment là seulement, nous pourrons nous dire que nous avons respecté l’engagement que nous avons pris vis-à-vis de nous mêmes et de notre foi.

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