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Fraternité des Veilleurs d'Ephèse
6 novembre 2014

Appercu surle labyrinthe

Nous voici devant l'un des plus remarquables symboles dont l'ancienneté, dans sa représentation graphique sous diverses formes, est difficilement datable (même par la méthode du carbone 14); toutefois l'on peut avancer le chiffre de plusieurs milliers d'années avant notre ère sans risque de grossière erreur puisque l'on en trouve gravé sur des pierres qui, elles, sont datées comme remontant au néolithique, période allant de 5000 à 2500 ans avant J.C. Ceci est déjà une indication, mais en regardant de plus près, nous voyons qu'il est lié et appartient à la légende mythologique du Minotaure, ce qui, par là même, indique l'ère du Taureau, soi environ 6480 à 4320 ans avant nous ; ère qui, sur le plan de l'archéologie, se situe légèrement à cheval sur l'époque de la pierre taillée et celle de la pierre polie.

La science nous dit qu'en ces temps reculés, l'homme se livre à la domestication des animaux, à la culture et bâtissait des cités lacustres.
Le labyrinthe, par son tracé symbolique, reste mystérieux pour le commun des mortels ; mystérieux tant sur le plan de son origine que sur celui de sa signification profonde puisque la plupart de nos contemporains ne savent pas de façon précise ce que voulaient exactement transmettre ou faire comprendre ceux qui gravèrent ce glyphe dans la pierre ? Assurément, il ne s'agit pas là d'un graffiti quelconque, mais bien d'un tracé volontaire et précis, profondément inscrit en entaille dans la pierre dure pou demeurer, perdurer et transmettre.
Il est donc tout à la fois signe de piste et message, et c'est sous cet angle qu'il nous faut le regarder et le comprendre.
Contrairement à l'idée généralement répandue que tout nous est venu de l'Orient, le cheminement du labyrinthe semblerait être un mouvement d'ouest en est. En effet, nous le trouvons sur la pierre de Mogor près de Pontevedra en Galice (nord-ouest de l'Espagne), non loin de Compostelle. C'est le plus ancien connu à ce jour, semble-t-il. Il est également présent sur les côtes atlantiques d'Irlande et de Cornouaille ; puis, nous le retrouverons loin à l’Est, parfaitement identique dans sa forme, sur une fort belle médaille Crétoise datée de 2000 ans avant J.C., découverte sur le site le Cnossos, capitale de la Crête ancienne dont l'apogée se situe au 2ème siècle avant notre ère, lors de fouilles intéressant la civilisation minoenne.
Nous notons également sa présence en Inde, en Chine, tout comme sur le continent américain.
Enfin, dans son mouvement de retour vers l'ouest, nous le retrouvons dessiné sur le sol de nos cathédrales Notre-Dame par un dallage noir et blanc. Là, sa forme diffère de celle du néolithique tout en lui conservant la séparation cruciforme.
Cette progression d'Ouest en est, d'après Louis CHARPENTIER (si son hypothèse est valable, ce que/ne suis pas à même de pouvoir apprécier) n'est pas sans intérêt pour nous, puisqu'elle laisserait penser à sa venue par la mer, en l'occurrence l'océan Atlantique.
En effet, la légende qui, même déformée, conserve toujours un fond de vérité, nous dit : Ce signe vient de la mer, donc pour nous, c'est l'ouest. Pour le continent Américain, la légende dit signe apporté par les dieux venus de la mer, pour eux, c'est l'e d'où l'idée, .qu1il pourrait s'agir d'un apport du mystérieux continent de l'Atlantique "l'Atlantide" dont parle PLATON et sur lequel, malgré des flots d'encre de toutes couleurs, l'on ne connaît rien d'autre que des légendes. D'après celles-ci, ce continent formé de plusieurs grandes îles se serait effondré dans les eaux à la suite d'un de ces formidables cataclysmes qui ponctuent cycliquement la vie et marquent le renouveau de notre planète. L'Atlantide aurait été le centre d'une civilisation très remarquable, dont le savoir et les techniques, quoique différentes des nôtres, n'auraient rien à envier à notre 20ème siècle ; civilisation qui aurait essaimé chez les Celtes et en Égypte.
Le labyrinthe, message Atlantéen apporté par les survivants, les rescapés du cataclysme, c'est possible mais non certain ? toujours est-il que nous avons là un graphisme symbolique fort ancien dont la clé est réservée aux "sages" qui, comme chacun sait, est le titre traditionnel réservé aux savants, à ceux qui connaissent, aux initiés comme l'était DEDALE, l'architecte de Cnossos qui construisit le labyrinthe où gisait le Minotaure. Rappelons nous qu'il y fut d'ailleurs lui-même enfermé sur l'ordre du roi MINOS, mais qu'il s'en échappa tout comme son fils ICARE à qui il donna des "ailes"; il s'envola, monta vers le soleil qui fit fondre la cire de ses ailes à la suite de quoi, il tomba dans la mer.
Fameux labyrinthe en vérité que celui-là puisqu'il fallut à THESEE (roi d'Athènes) l'aide d'ARIANE et du "fil conducteur" pour lui permettre d'y circuler et d'en sortir après avoir vaincu le minotaure mangeur d'hommes. Tel est, dans ses grandes lignes, le récit mythologique, mais pour ceux qui veulent aller plus loin et lire par l'esprit d’autres lignes de la légende, il devient évident qu'il s'agit de tout autre chose. En réalité, le récit nous conte l'épreuve initiatique de DEDALE, épreuve réussie, tout comme pour THESEE, mais pas de la même façon le Minotaure - taureau symbolise la domination des forces de la terre, l'instinct brutal, le mal, le vice, etc.. Il est dans le labyrinthe son antre souterrain (la caverne) qui symbolise les profondeurs de notre subconscient. DEDALE s'identifiant au taureau lutte avec son fils ICARE qui n'est autre que son être dynamique intérieur, "son âme". Surmontant l'épreuve "DEDALE/ICARE/âme" s'envole dans les AIRS et monte au devant du soleil, symbole du FEU, de la Lumière - Principe auquel il se brûle et tombe dans l'EAU. Nous assistons, par le récit, à la mort initiatique et par là même à la renaissance spirituelle. C'est la mort du vieil homme qui donne naissance à l'esprit nouveau nourri par la lumière spirituelle.
Pour l'alchimiste en son œuvre, comme en lui-même, c'est le mort de la matière, le passage de l'épais au subtil et la renaissance après le combat.
TERRE - AIR - FEU - EAU, c'est la voie humide du grand œuvre.
En ce qui concerne THESEE, venu pour vaincre le Minotaure, c'est à dire vaincre sa matérialité, sa terrestrialité et tous ses maux, il est aidé dans son épreuve par le "fil d'Ariane", fil de vie donné par ARIANE (la dame) qui n'est autre que sa propre âme sa couronne de lumière qui l'éclairé dans le dédale du labyrinthe souterrain caverne de son inconscient.
L'épreuve, c'est le retour en lui-même par l'introspection psychanalytique qui lui permet de se vaincre lui-même (il assomme, le Minotaure à coups de poing). Guidé par le fil d'Ariane, son âme, il ressort des profondeurs du labyrinthe vers la lumière, ainsi il remonte le temps, remontant sa vie, mais après la sortie il retourne auprès d'Ariane (son âme). Il est donc toujours dans le labyrinthe au centre de la toile, c'est dire qu'il lui faut subir d'autres épreuves pour être initié.
Pour l'alchimiste en son œuvre, c'est la voie sèche, voie courte mais difficile et périlleuse. Qui regarde le dessin du labyrinthe de la pierre de Mogor peut aisément y voir une stylisation hautement parlante du cerveau humain avec toutes ses circonvolutions. Parcourir le labyrinthe, c'est parcourir son moi, c'est la possibilité d'une introspection profonde par la méditation tout comme l'est également le support d'un mandala qui comporte d'ailleurs parfois un aspect labyrinthique.
Il faut également noter la parenté lu labyrinthe avec la spirale du jeu de l'oie. Spirale qui évoque l'infini en perpétuel devenir et où le joueur doit, au travers des épreuves de la vie (les embûches des cases du jeu) parvenir au centre, la case 63, où règne l'oie au plumage blanc symbole solaire.
Si nous trouvons le labyrinthe en Amérique où il était particulièrement sacré, nous l'avons aussi en Inde où il est l'objet de méditation, comme support du cheminement du subconscient tout autant que de la pensée humaine. Ceci ne peut d'ailleurs nous surprendre puisque bien dans la ligne de recherche spirituelle de ces peuples de qui nous vient une si transcendante métaphysique.
Pour en revenir à ceux de nos cathédrales, tout au moins à celui de Notre-Dame de Chartres encore visible, comme à Amiens (où il diffère par sa forme octogonale), puisque ceux des autres N.D ont été détruits sur l'ordre du clergé. S'ils n'avaient pas exactement les mêmes circonvolutions que ceux du néolithique, ils avaient en commun le même genre de cheminement, ce qui démontre qu'ils obéissaient bien à une volonté, à une pensée profonde, et pour cela suivaient certaines règles précises de construction indispensables pour obtenir certains effets recherchés.
A Chartres, la croix intérieure qui le divise est inscrite dans le cercle général du graphisme, ce qui forme déjà une somme parlante en elle-même, mais ce n'est pas tout car son parcours est bien un chemin initiatique capital qu'il appartient à chacun de découvrir. Ce chemin devait être parcouru suivant un rituel, donc un rythme précis, une cadence, pour aboutir en ce "lieu" privilégié qu'est le centre. Lieu de renaissance spirituelle, centre matrice où la somme les vibrations cosmiques en correspondance avec les forces du courant tellurique du site atteignent leur maximum d'intensité, en particulier à certaines époques de l'année.
Cette ronde rythmée avec ses retours en arrière, ce balancement de tout l'être peut être rapproché de l'attitude dans la prière, accompagnée du chant psalmodié de l'alchimiste œuvrant face au creuset; peut-être aussi dans une certaine mesure à la danse des Derviches tourneurs (la spirale). Dans la cathédrale, ce parcours dansé devait se faire pieds nus afin d'accentuer la prise de contact physique avec le sol et faciliter ainsi la pénétration des ondes vibratoires du "lieu sacré".
La ronde était menée par l'évêque, également pieds nus, coiffé de la mitre, qui par sa forme symbolise le poisson, et armé de la crosse qui, par sa spirale évoque le labyrinthe céleste. Ainsi s'effectuait le parcours du labyrinthe qui n'est autre qu'une danse solaire à condition de comprendre le rayonnement solaire comme l'expression matérielle de la Lumière Principe. Nous participons donc là à une épreuve d'initiation chrétienne.
C'est dire que ces labyrinthes ne sont nullement des éléments purement décoratifs, fruit le la fantaisie des constructeurs, mais qu'ils correspondent à un enseignement, à un savoir qui a toujours été transmis au cours des siècles, par les écoles et loges initiatiques grâce auxquelles ce legs de la science traditionnelle demeure toujours vivant.
Cette science sacrée, les bâtisseurs Cisterciens, Bénédictin et Templiers la connaissaient, la possédaient et la gardaient comme un trésor; ils la mirent en œuvre sur notre sol en des lieux choisis pour être en accord et unir les forces cosmiques avec les vibrations des courants tellurique et en faire profiter le peuple pour favoriser son éveil à son insu.
Seul celui qui cultiva sa vie intérieure peut développer ses incultes psychiques dans le but et avec l'espoir d'atteindre à la renaissance spirituelle par un effort constant sur lui-même et ainsi se hisser au niveau de la vérité du savoir - sa quête.
Il ne s'agit donc pas d'être "capable" de comprendre, mais d'être en "état" de savoir pour bénéficier pleinement de l'influence spirituelle. Ainsi, tous ceux qui parcouraient le labyrinthe suivant le rituel approprié n'en bénéficiaient pas pleinement de façon automatique, même si tous recevaient un peu; seuls ceux qui étaient prêts à recevoir s'ouvraient à la lumière intérieure.
Cet état particulier qui est -procure au "pèlerin" (il y aurait beaucoup à dire sur cette notion de pèlerinage, car en effet, nombreux sont ceux qui ne pouvant faire le voyage en terre Sainte, parcouraient en esprit le labyrinthe et en tiraient le même bénéfice; c'est pourquoi ce parcours était aussi appelé le pèlerinage à Jérusalem) est toujours efficace malgré les détériorations progressives qu'ont subies les cathédrales, ces nefs magiques où toi concourra créer cet état de grâce, de paix et d'harmonie que toi homme "ouvert" à ses effluves ressent plus ou moins profondément; alors, notre homme "ouvert" ne ressort pas de la cathédrale tout à fait le même le ce qu'il était en y entrant. C'est là encore un effet de la magie du lieu. La cathédrale "matras" agit sur le psychisme. Malheureusement, en notre fin de cycle, cette magie si efficiente de la cathédrale à l'époque de sa plénitude s'éteint lentement parce qu'atteinte dans son œuvre vive à l'extérieur par la maladie de la pierre qui la ronge, tout autant que de l'intérieur où elle est dénaturée par toute une machinerie électrique aux décibels enflés artificiellement, affaiblie aussi par le déplacement de l'autel, le bouleversement complet du rituel et des chants ; il n'est plus possible de le parcourir, de faire la ronde sur le labyrinthe et de le faire "chanter" pour notre bien.
Aussi, mon vœu le plus ardent est que chacun des Frères et Sœurs le la Massenie trouve son lieu privilégié, son centre de Lumière en parcourant en esprit et méditation le labyrinthe si cher aux Templiers et qu'ainsi chacun parvienne en son centre et le fasse chanter "avec la plus juste".

Par François CHOUPOT - Garches, Décembre 1977

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